Trouble bipolaire (ou maniaco-dépression) : comment le reconnaître et le soigner ?
Les personnes atteintes de trouble bipolaire voient sans cesse leur vie basculer entre euphorie et dépression. La bipolarité, c'est le nom que l'on donne aujourd'hui à la maniaco-dépression. Ce trouble de l'humeur, dont le diagnostic reste tardif, touche 1 % de la population.
Le trouble bipolaire, autrefois appelé “maniaco-dépression” ou à tort bipolarité, est une maladie qui touche la régulation de l’humeur. L'Organisation mondiale de la santé la classe parmi les dix pathologies les plus invalidantes.
Il existe différents types de maladie bipolaire, mais elle se caractérise globalement par l’alternance de périodes de dépression et de périodes dites “maniaques” ou hypomaniaques, entrecoupées d’intervalles libres (où la personne est dans un état normal).
Les symptômes du trouble bipolaire
En phase dépressive, le malade montre tous les symptômes d’une dépression majeure.
En phase maniaque, il est dans un état euphorique, enthousiaste et/ou irritable. Ses besoins de sommeil sont réduits. Il est en hyperactivité physique, sexuelle, sociale... L’individu se montre très sûr de lui ; il est volubile et se croit capable de tout réussir. Quand cette dernière phase est moins intense, on parle d’hypomanie.
Les épisodes maniaques (ou hypomaniaques) et dépressifs se succèdent ainsi au cours de la vie.
La maladie débute le plus souvent à la fin de l'adolescence, entre 15 et 19 ans. Certains signes avant-coureurs d'un trouble bipolaire doivent amener à consulter.
A quoi est dû ce trouble de l'humeur ?
Ce trouble provoqué par des dysfonctionnements biologiques cérébraux aurait des origines génétiques. Il n’est pas nécessairement héréditaire, mais il existe des prédispositions familiales.
Les événements pénibles de la vie, particulièrement les chocs vécus dans l’enfance, peuvent déclencher ou aggraver la maladie chez les personnes prédisposées.
Quelles sont les conséquences du trouble bipolaire ?
En phase maniaque : l’individu peut être amené à adopter des comportements dangereux pour son intégrité physique (conduite en excès de vitesse, relations sexuelles hasardeuses et sans protection…), et socialement problématiques : agressivité au travail avec un risque de perte d’emploi ; dépenses compulsives et inconsidérées ; investissements financiers hasardeux ; addiction au jeu…
En phase dépressive : on retrouve tous les symptômes de souffrance dépressive avec un risque suicidaire très marqué. Un malade sur deux fera ainsi au moins une tentative de suicide dans sa vie.
Enfin, la maladie est vraiment éprouvante pour les proches qui doivent supporter les phases de manie au cours desquelles l’individu refuse tout conseil de modération (risques de surendettement…), voire se montre irritable ou agressif ; puis les phases de dépression qui se vivent dans l’abattement et l’incapacité d’agir au quotidien.
Le trouble bipolaire est souvent associé à un trouble anxieux et entraîne parfois une addiction à l’alcool (qui peut masquer la maladie et compliquer le diagnostic).
Comment diagnostiquer le trouble bipolaire ?
Le diagnostic est souvent posé tardivement (au bout de 9 ans en moyenne), car il faut plusieurs mois, voire plusieurs années, avant que la succession des cycles soit perceptible.
C’est souvent un épisode maniaque aigu (qui impose une hospitalisation temporaire) qui permet de le poser. Le diagnostic est plus difficile quand les phases hypomaniaques se signalent juste par un léger état d’euphorie. Dans ce cas, le malade peut être perçu à tort comme dépressif. Ou alcoolique.
Le médecin traitant qui ne voit le malade qu’occasionnellement (et plutôt en phase dépressive) n’est pas forcément en situation de constater les variations de l’humeur. Le malade lui-même, quand il est en phase euphorique, ne se perçoit absolument pas comme tel : il se sent en pleine forme !
C’est souvent l’entourage qui sonne l’alarme. Les proches doivent être particulièrement attentifs aux changements de comportement d'un adolescent ou d'un jeune adulte : repli sur soi, décrochage scolaire, conduites à risque…).
Comment traiter le trouble bipolaire ?
L’hospitalisation est souvent indispensable en phase maniaque aiguë ou, en phase dépressive, quand le risque de suicide semble inquiétant. Ces hospitalisations ont pour but d’empêcher le malade de se nuire, mais aussi de permettre aux médicaments de montrer leurs premiers effets.
Les troubles de l’humeur doivent en effet être régulés par des médicaments spécifiques, les thymorégulateurs, les plus anciennement connus (et toujours très utiles) étant les sels de lithium. D’autres psychotropes peuvent être prescrits plus ponctuellement en cas de phase maniaque ou de phase dépressive.
Des médicaments thymorégulateurs à vie
Les thymorégulateurs doivent être pris à vie (ce qui n’est pas toujours bien accepté par les malades qui ont tendance à arrêter le traitement dès qu’ils se sentent mieux). Ils ont un effet préventif qui permet d’éviter les rechutes et, dans de nombreux cas, cela permet aux patients de retrouver une vie normale.
Des mesures psychoéducatives qui permettent aux malades de contrôler la maladie (en évitant la fatigue, en apprenant à limiter les événements perturbateurs…) restent néanmoins indispensables.
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