Phobie sociale : vivre dans la peur de l’autre

by: admin. /   mardi 30 juillet 2019 19:12
doigts pointés

Prendre la parole en public, demander un renseignement à un inconnu, passer un entretien professionnel… Dans ces situations courantes de la vie quotidienne, il peut nous arriver à tous de ressentir une gêne, voire une tension intérieure. Cette anxiété, que l’on peut assimiler au trac ou à la timidité, n’a rien de pathologique. Mais lorsque l’appréhension devient peur panique, et nous tétanise complètement dans nos rapports à l’autre, il s’agit alors de phobie sociale. Une maladie anxieuse qui toucherait 4 à 5 % de la population.

La phobie sociale est une peur massive, excessive, et durable, du rapport à l’autre. « Elle correspond précisément à la peur intense et persistante du jugement de l’autre dans toute situation où l’on est vu ou entendu, que ce soit par un seul individu, quelques-uns, un grand groupe ou, à l’extrême, un public entier », explique le psychiatre Antoine Pelissolo dans son ouvrage Les phobies, faut-il en avoir peur ? (Le Cavalier Bleu, 2012). Plus qu’une appréhension à l’idée de se confronter à une situation banale, la phobie sociale se traduit par une réelle anxiété handicapante. La personne phobique est tendue, soucieuse, stressée, incapable de se raisonner ou de relativiser. Elle anticipe les situations qu’elle redoute bien à l’avance et lorsqu’elle s’y confronte,  peut être prise de crises de panique plus ou moins paralysantes : mains moites, accélération du rythme cardiaque, rougissements, tremblements, perte de mémoire…  

Mais concrètement, de quoi a-t-elle peur ? « D’après mon expérience, raconte Laurie Hawkes, psychologue et psychothérapeute, il existe trois genres de phobiques sociaux. Les plus nombreux sont ceux qui craignent avant tout le regard de l’autre, le jugement, la critique, et par extension, le rejet. Mais on trouve aussi certains sociophobes dont la peur est surtout celle de l’hostilité, de l’agressivité. Pour eux, le problème se situe moins dans le jugement qu’ils portent sur eux-mêmes que dans la vision qu’ils ont du monde et des autres. Enfin, il y a ceux qui redoutent l’intimité, le contact physique, le rapprochement. Ces derniers sont moins nombreux à basculer de façon intense dans la phobie, ils peuvent même interagir normalement, mais ne laisser personne pénétrer leur cercle intime. »


Les origines de la phobie sociale

Comme dans la plupart des troubles psychiques, la phobie sociale n’est pas la conséquence d’une cause unique, mais résulte d’une association de facteurs. Les uns liés à la personnalité et au tempérament, les autres aux expériences et évènements de la vie.

 « Il n’y a pas un tempérament spécifique qui prédispose clairement à la phobie sociale. Mais les personnes nées avec une tendance introvertie ou hypersensible y sont davantage sujettes. Par ailleurs, on retrouve chez les concernés des traits de caractères communs, tels que l’inhibition ou le perfectionnisme. Elles sont généralement très exigeantes vis-à-vis d’elles-mêmes, et, supportant mal le fait d’échouer dans leurs relations aux autres, tombent souvent dans la dépréciation (“je suis nul(le)”, “Je n’y arriverai jamais”…). Leur sens de l’autocritique est acerbe », explique Laurie Hawkes.

Pour ces personnalités plus vulnérables, c’est lorsque viennent s’ajouter une attitude éducative peu encourageante et/ou un événement traumatique que le risque de basculer dans la phobie sociale devient alors très fort. « Ce qui serait idéal, pour qu’elles puissent évoluer sereinement, ce serait, dès l’enfance, des parents qui les comprennent et ne les ridiculisent pas, affirme Laurie Hawkes. Elles doivent être poussées sans démesure. Si elles sont trop préservées, ou surprotégées, elles se persuadent d’être trop fragiles pour affronter le monde. Il est nécessaire d’encourager leurs expériences sociales pour renforcer leur confiance en elles. » L’exemple donné par les parents, et les informations qui en découlent, sont autant de petits facteurs qui peuvent favoriser le développement de la phobie sociale. C’est notamment le cas des familles qui vivent repliées sur elles-mêmes, n’invitent jamais personne, n’envoient pas leurs enfants en colonies de vacances…  Au même titre qu’une expérience traumatisante survenue dans l’enfance ou l’adolescence. « Dans le cas des sociophobes, il ne s’agit pas forcément d’un événement majeur, ajoute Laurie Hawkes. Il peut s’agir d’une moquerie en classe, d’une chute en public, d’une situation d’injustice… » Dans tous les cas, un épisode d’humiliation, dont le souvenir a conditionné l’organisme, lui signifiant que la situation est dangereuse, et qu’il faut l’éviter. « Une explication qui se retrouve dans 20 % des cas de phobie », assure Antoine Pelissolo.

D’après les thérapeutes, les conséquences de la phobie sociale deviennent surtout visibles au début de l’âge adulte. Lorsqu’il n’est plus possible de contourner les situations sociales parce que les parents ne font plus liaison avec le reste du monde. À l’âge où l’on commence à construire sa vie, à mener ses études, à se faire des amis, à développer sa vie amoureuse, puis professionnelle… Le sociophobe va alors rapidement avoir tendance à éviter les situations sociales, ou à les écourter le plus possible. De quoi continuer d’éroder sa confiance en lui, et l’isoler.

 « Il arrive que la phobie ne touche pas tous les domaines de la vie, souligne Laurie Hawkes. Certaines personnes ne semblent être affectées que dans le cadre professionnel. Le jugement de l’autre sur leur travail, ou leur personne dans le cadre du travail, leur est insoutenable. Elles seront incapables de prendre la parole en réunion, ou d’aller demander une augmentation. Ça ne les empêchera pas de travailler, mais d’avoir une vie professionnelle épanouissante. » Et Antoine Pelissolo d’ajouter « Les statistiques montrent que les personnes souffrant de phobie sociale n’atteignent pas le niveau professionnel qu’elles pourraient espérer, et qu’elles vivent souvent seules. » De quoi expliquer pourquoi le niveau de souffrance des sociophobiques est estimé comparable à celui des personnes dépressives. Peur, honte, colère, état de tension permanent … sont les émotions pénibles et douloureuses qui jalonnent leur quotidien.

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